Il était une fois, dans une menuiserie, une étrange assemblée. Les outils sont réunis autour d'un établi et discutent. Ils essaient de s'accorder sur leur place en fonction de leurs différences. 

Le marteau préside la réunion en tapant du poing. Les autres outils en ont vite marre : « on ne s'entend pas, tu fais trop de bruit ! », « oui, tu passes ton temps à frapper ! », « on n'en peut plus, on te demande de quitter l'assemblée ». 

« D'accord-d'accord... je m'en vais, répond le marteau, mais dans ce cas je ne vois pas pourquoi le tournevis ne s'en irait pas lui aussi. Il lui faut toujours des tours et des tours avant qu'il serve à quelque chose, c'est agaçant à la fin ! » 

« Oui, c'est vrai, rétorque le tournevis, mais si moi je m'en vais, il faut que le papier de verre s'en aille aussi ! Il est si rugueux qu'il a toujours des frottements avec les autres, c'est très désagréable ! » 

Ok... Bon... je pars, bougonne le papier de verre, mais à condition que le mètre soit aussi exclu. Il passe son temps à mesurer les autres d'après sa mesure à lui ! Il se croit parfait et s'impose toujours, ce n'est pas juste ! » 

Les outils se critiquent ainsi jusqu'à ce que le menuisier arrive. Il met son tablier et commence son travail. Il utilise le marteau, le tournevis, le papier de verre, le mètre et bien d'autres outils. Quand il a terminé, le bois qui au début était informe et plein d'échardes est devenu un magnifique jeu d'échecs. 

Une fois le menuisier parti, les outils se rassemblent de nouveau. C'est alors que la scie à main prend la parole : 

« Ce que nous montre ce que nous venons de voir c'est que, certes, nous pouvons tous avoir des mauvais côtés mais que le menuisier, lui, travaille avec nos qualités. C'est ce qui nous rend uniques et précieux. Voyons le bon côté des choses et cessons de nous quereller, concentrons nous sur ce que nos défauts peuvent avoir d'utiles à qui sait les utiliser ! » 

Tous les outils s'accordent alors pour dire que le marteau est fort, que le tournevis unit avec finesse, que le papier de verre chasse patiemment la rugosité et que le mètre est précis et exigeant. Ils se regardent et se sentent une équipe capable de fabriquer de belles choses. Ils se sentent fiers de leurs forces. Ils peuvent effectuer ensemble un travail de qualité. 

Depuis ce jour, chacun a pour les autres une place irremplaçable, autour de l'établi.